Le 16 mai 2011

Les chiens obéissants font de vieux os!

Pierre Masse et Robin Renaud

Le biologiste Vincent Careau a testé une hypothèse en vogue depuis quelques années : oui, la personnalité des chiens a une influence sur leur longévité.

Les scientifiques avaient déjà prouvé que les petits chiens vivent plus longtemps que les grands. Vincent Careau, candidat au doctorat en biologie, a observé pour sa part que les chiens obéissants, comme les bergers allemands et les bichons frisés, vivent plus longtemps que d'autres espèces de taille similaire. Il a aussi constaté que les races plus têtues, comme les beagles et les poméraniens, meurent généralement plus tôt que les autres.

En croisant des données provenant de compagnies d'assurances, d'ouvrages sur la « psychologie » des chiens et de recherches dans le domaine vétérinaire, le chercheur a démontré que les chiens agressifs et hardis, qui dépensent leur énergie de manière plus intense, ont une vie relativement courte.

De leur côté, les chiens paisibles, comme les Terre-Neuve et les labradors, vivent plus longtemps. « Ces chiens ont tendance à brûler moins d'énergie par kilogramme que ne le font les chiens agressifs, comme les fox-terriers ou les Grands Danois, qui sont des races extrêmement territoriales », ajoute Vincent Careau.

Le résultat des recherches du biologiste a été publié en avril dans la prestigieuse revue The American Naturalist. Ses travaux suscitent un engouement certain et de fortes discussions au sein de la communauté scientifique.

Une espèce très diversifiée

L'étude de Vincent Careau aborde aussi l'évolution des races. L'extrême diversité des chiens ne résulte pas de la sélection naturelle mais de l'évolution des êtres humains. Au fil des générations, ces derniers ont modelé les animaux grâce aux croisements, tenant compte de la sélection des traits qu'ils désiraient, telle la capacité de chasser les renards, de guider
les moutons ou de s'asseoir agréablement sur un canapé.

« On peut voir les races de chiens existant aujourd'hui comme étant le résultat d'une expérience de sélection artificielle bien contrôlée et, surtout, bien répliquée, dit-il. Vraisemblablement, les éleveurs qui ont créé ces races – il y a de 300 à 400 ans – ont opéré une sélection basée sur la personnalité des chiens, et non pas sur des critères comme leur durée de vie ou la quantité de nourriture qu'ils absorbaient. » Ainsi, le chercheur suggère que la personnalité, le train de vie et les besoins énergétiques sont, d'une certaine manière, génétiquement liés.

Les conclusions de l'étude pourraient-elles aider à mieux comprendre le cycle de la vie humaine? Il est trop tôt pour se prononcer, mais des psychologistes de l'Université d'Édimbourg s'intéressent de près aux travaux de Vincent Careau… et on envisage une collaboration.

La personnalité, le train de vie et les besoins énergétiques des chiens sont, d'une certaine manière, génétiquement liés.